mythologienom féminin(bas latin mythologia, du grec muthologia


De l'ancienne Mésopotamie à l'Amazonie contemporaine, de l'Égypte des pharaons au Mexique de Moctezuma, toutes les sociétés humaines, des plus primitives aux plus complexes, se sont organisées autour de croyances fondées sur des récits de nature symbolique destinés à expliquer l'origine et l'ordre du monde ; elles ont engendré des mythes relatant les exploits de leurs dieux et de leurs héros. Par les visions du monde qu'elles proposent, ces mythologies offrent des modèles de pensée évoluant avec l'histoire, et constituent aujourd'hui le lieu de rencontre des interrogations les plus diverses dans le domaine des sciences humaines.
Qu'est-ce que la mythologie ?Caractéristiques et fonction du mytheLes travaux des historiens, des archéologues, des anthropologues ont mis en évidence des structures communes aux différentes mythologies, ensembles d'histoires fabuleuses que leur fonction distingue d'autres genres narratifs appartenant au patrimoine culturel d'une même société.On peut classer les mythes en fonction de ce qu'ils relatent. Les principaux mythes sont de types cosmogoniques (sur la création du monde) ou eschatologiques (sur la destruction du monde), développe des thèmes liés à la naissance ou à la renaissance, à la civilisation (notamment en mettant en scène des héros dits civilisateurs ou culturels), ou encore à la fondation (d'une ville, d'un Empire), etc.Mythe, conte, fable, épopée, sagaSi, comme la fable, le mythe met en scène des animaux, des éléments, des plantes et des objets auxquels il confère des attributs humains, il ne vise pas d'abord à dégager d'une fiction un enseignement moral applicable à la vie quotidienne. Contrairement aux contes, dont l'action – perçue comme entièrement imaginaire – se déroule en un temps indéterminé (« Il était une fois… »), le mythe est situé en un temps défini, mais par nature hors de l'histoire, puisqu'il va des origines du monde à une époque si reculée qu'aucune mémoire ne saurait plus en témoigner. Il se distingue par là des épopées et des sagas, qui, tout en comportant des éléments d'ordre fantastique ou mythique, retracent les exploits de héros ayant réellement existé à un moment précis, datable. Essentiellement invérifiables, les faits les plus invraisemblables narrés par les mythes d'une même communauté sont cependant tenus pour vrais par l'ensemble de ses membres. Cette adhésion sans restriction du groupe à sa mythologie fait donc de celle-ci une sorte d'histoire avant la lettre, histoire du cosmos explicitant aussi l'origine des savoirs et des institutions.Le mythe, vérité premièreDe fait, le mythe ne peut être perçu comme fiction que par une conscience extérieure à la culture qui l'a produit. Son caractère de vérité première ne s'estompe que lorsque des changements mettant en jeu la société tout entière rendent sa fonction caduque, ou lorsque deux théologies concurrentes s'affrontent. C'est ainsi que, vers l'an 3000 avant J.-C., alors que les deux parties de l'Égypte tendaient vers l'unité et la stabilité, la théologie de Memphis intégra les divinités de la Haute et de la Basse-Égypte, modifiant parfois leurs attributs au sein d'un nouveau panthéon. Histoire et mythologie sont donc unies de manière indissociable par le lien qui les fait évoluer de concert.L'explication du mondeComme les fables, contes et épopées, l'ensemble des récits mythologiques a valeur d'enseignement et appartient à l'appareil qu'une société se donne pour transmettre ses connaissances et sa mémoire. Dans ce contexte, les mythes occupent une place privilégiée, car les fictions qu'ils mettent en œuvre s'attachent à éclairer des phénomènes en apparence inexplicables, et donc générateurs d'angoisse. Les anciens Égyptiens croyaient, par exemple, qu'Atoum, le chat-Lumière – généralement représenté sous une forme humaine – tranchait chaque nuit la tête du serpent Apopis, qui menaçait la barque du Soleil pendant sa traversée du royaume souterrain. En garantissant l'alternance régulière du jour et de la nuit par un récit métaphorique fondé sur le trajet visible du Soleil, ce mythe contribuait à dissiper la crainte d'éternelles ténèbres commune à tous les hommes. On conçoit que de telles croyances aient engendré des rituels propres à obtenir les bonnes grâces de divinités protectrices, propres aussi, par des pratiques communes, à entretenir les liens qui unissent le groupe.La garantie de l'ordre du mondeÀ l'origine du culte, le mythe en propose parfois jusqu'à la forme : de nombreuses sociétés agraires ont, dans leur panthéon, des divinités liées à la végétation qui, démembrées et enterrées, donnent naissance à l'aliment de base du groupe. Le plus souvent, ces mythes engendrent, en même temps qu'ils les valident, des pratiques sacrificielles reproduisant l'aventure de la divinité. En le réitérant, le rituel renforce le mythe, qui, lui-même, justifie une conduite « ancestrale » par une explication d'ordre symbolique : comme le dieu, la plante alimentaire doit mourir pour renaître sous une nouvelle forme, être coupée ou arrachée, puis enterrée afin de susciter une nouvelle récolte.Cette fonction de validation apparaît encore dans les mythes touchant à l'origine du pouvoir. Dans l'ancienne Mésopotamie, l'année nouvelle était rituellement célébrée par la lecture de l'Enouma Elish, une épopée qui relatait la création du monde et son évolution, de l'état d'anarchie première à l'avènement de l'ordre incarné par Mardouk ; dans l'Égypte ancienne, la théologie de Memphis identifiait le pharaon au dieu Horus, fils d'Isis et d'Osiris et vainqueur de Seth, symbole d'anarchie et de désordre. En valorisant l'origine divine de l'ordre politique représenté par le souverain, le mythe renforce le pouvoir de ce dernier, le rend incontestable. De la même manière, certaines mythologies justifieront des inégalités sociales ou raciales (le système des castes en Inde, par exemple).La mythologie peut ainsi se définir comme un système permettant de structurer le monde en proposant, à travers des récits symboliques, des réponses aux questions concernant les origines ; à leur tour, ces réponses engendrent des rituels et des hiérarchies, qui structurent la société, ainsi que des catégories et des oppositions (jour/nuit, bien/mal, création/destruction, fécondant/fécondé, etc.) qui structurent la pensée. La mythologie est donc tout à la fois instrument de connaissance et de cohésion sociale.Les principales mythologiesLes mythologies grecque et latineDurant la période primitive, qui voit la naissance de l'écriture, les divinités des marais du Sud-Est (Sumer) constituent l'essentiel du panthéon. Tammouz (ou Doumouzi-Abzou), dieu de la Fécondité, représente la figure dominante avec son épouse, Inanna, dite la « Mémoire du temps ». Ils sont tous deux au cœur d'un mythe et d'un culte qui se manifestent dans l'« esprit du palmier », lequel apparaît au printemps.Les mythes vont mettre ensuite l'accent sur les origines, la signification et l'autorité du souverain : cette évolution correspond à l'instauration d'une organisation collective dans les cités-États mésopotamiennes. Le symbolisme de la fertilité prend alors une signification cosmique : la puissance et la violence de l'orage qui alimente le cours des fleuves. La tempête est le fait d'Enlil, dieu du Vent, qui contrôle les actions bénéfiques à la communauté humaine. L'autorité suprême du panthéon est Anou (ou An), l'esprit du ciel ; de son union avec Ki (la Terre) est née la végétation. Il est le père d'Enki (appelé plus tard Ea), incarnation du sacré dans les eaux de la pluie, des rivières et des marais : d'où son identification au Tigre et à l'Euphrate.La période assyro-babylonienne tardive voit naître les épopées d'Enouma Elish et de Gilgamesh. La première a pour héros Mardouk, dieu de Babylone qui accède au sommet du panthéon après une lutte contre des dieux rebelles : il est dès lors chargé de refaçonner le cosmos. Quant à Gilgamesh, souverain d'Ourouk, il est jeune, fort et doté d'une intelligence si exceptionnelle qu'il ne trouve son égal en aucun homme ; par ses qualités mêmes, il trouble l'ordre de la cité. Le peuple enjoint alors aux dieux de créer un rival à Gilgamesh : ce sera Enkidou, un homme du désert, inculte et brutal. Après l'avoir combattu, Gilgamesh devient son ami. Mais Enkidou meurt, et Gilgamesh, désespéré, entreprend la quête d'une plante qui procure la vie éternelle. Mais un serpent la dévore, renvoyant Gilgamesh, conquérant de toute chose sur terre, à son impuissance devant la mort.Les mythologies nordiquesComme principe d'ordre, les populations nordiques ont inventé une image d'une très grande poésie : le frêne Yggdrasill, qui figure l'axe soutenant l'univers, et qui constitue une source de vie, car ses racines sont implantées dans le sol tandis que ses feuilles ne cessent de bruire. Yggdrasill repose sur trois racines : l'une s'étend jusqu'au monde souterrain, le royaume de Hel, la deuxième jusqu'à celle des géants, la dernière jusqu'au monde des humains. Il est aussi le gardien du savoir, car le géant Mimir, la mémoire du monde, réside à sa base. Il préside enfin aux destinées, celles des vivants comme celles de l'univers, puisque les Nornes (l'équivalent des Parques dans la mythologie grecque) se tiennent à ses côtés. Il représente un principe d'organisation et d'ordre primordial dans la mythologie nordique.Dans le chaos originel, s'affrontaient deux mondes, celui du Niflheim, l'empire du Nord, froid, sombre et humide, et, loin au Sud, le monde du Muspelheim, le pays du feu, chaud, sec et lumineux. Cette rencontre entre le chaud et le froid engendra la formation de gouttes d'eau, qui donnèrent naissance à l'hybride Ymir. Celui-ci engendra les géants, dont descendent les dieux, et parmi eux, le principal, Odin. Aidés des géants, les jeunes dieux tuent Ymir et façonnent le monde avec les différentes parties de son corps : le ciel devient l'Asgard, le domaine des dieux, le Misgardr, celui des hommes, un troisième, l'Usgardr, sera dévolu aux géants, créatures monstrueuses. Puis ils entreprennent la création de l'homme et de la femme, à l'aide d'arbres : un frêne pour l'homme, un bouleau pour la femme, cependant que l'univers est soutenu en son axe par le frêne Yggdrasill. Se répand d'abord l'âge d'or, avant qu'une formidable bataille, dont l'origine est un parjure des dieux, n'oppose les deux groupes de dieux, les Ases et les Vanes, aux géants et aux puissances maléfiques, dont Loki prendra la tête. Le monde est alors condamné : voici venu le temps du Ragnarök, ou Destin-des-Puissances, décrit dans l'Edda poétique, qui marque la destruction de l'univers, la disparition des dieux et des hommes. Yggdrasill sera détruit par le feu et la terre disparaîtra sous les eaux. Mais cet anéantissement n'est pas définitif. L'univers renaîtra, car le couple Lif (Vie) et LifPrasir (Vivace) a été épargné, et la terre se repeuplera, obéissant ainsi à un ordre immuable.Les Ases, dieux de la force, dieux guerriersOdin (Wotan dans la tradition germanique) est le père céleste, le dieu tout-puissant, maître et arbitre du monde, qui a pour mission de retarder le jour où la terre et le ciel seront détruits. Il est borgne, car il a mis un œil en gage chez le géant-savant Mimir pour avoir accès à la science des runes, synonymes de connaissance pour ceux qui pouvaient les déchiffrer. Maître du savoir, il préside à la poésie et a donné aux hommes l'écriture. Dieu de la Guerre, il est fourbe et rusé, et possède une lance comme arme magique. Accompagné de deux corbeaux qui ne le quittent jamais, Hugin et Mugin, la Pensée et le Souvenir, c'est un magicien qui régente selon sa volonté les actions des hommes. Il entretient des liens étroits avec les morts et le monde souterrain.Il a trois femmes, dont la déesse Frigg, réputée pour sa sagesse et pour son silence. Le fils aîné d'Odin, Thor, est un dieu jeune et beau, seigneur de l'orage, du tonnerre, des éclairs et de la pluie bienfaisante. Il combat les géants grâce à son marteau magique et à sa science. Baldr, qui est aussi un fils d'Odin, est le dieu de la Lumière et de la Beauté. Il figure l'expression de la bonté, indispensable dans ce monde d'une grande violence. Quant à Tyr, c'est le dieu du Droit et de la Guerre. Il est manchot et possède la hache comme attribut. Le dernier cité, Loki, est un fauteur de troubles. Fils d'un géant, il sème le malheur partout où il passe.Les Vanes, dieux de la fertilité et de la prospéritéFace aux Ases, les Vanes sont des divinités agraires, dont le caractère est de perpétuer la vie naturelle. Les trois figures essentielles sont Njördr, hermaphrodite, et ses enfants, Freyr et sa parèdre Freya, qui président à l'amour, à la joie de vivre et à la fertilité-fécondité.La mythologie celtiqueOriginaires d'une région située aux confins de l'Allemagne du Sud et de la Bohême, les Celtes entreprirent des migrations qui les conduisirent en Espagne, dans le nord de l'Italie, en Angleterre, en Gaule (avec la triade, Esus, Taranis, Teutatès) et en Irlande, du Ve au IIIe s. avant J.-C. Comme ils n'ont pas laissé de documents écrits, la plupart des documents qui ont trait à leur mythologie et à leur religion proviennent d'Irlande et datent du XIIe s. de notre ère, quand leur mise par écrit fut entreprise sous l'égide des chrétiens.Un des cycles les plus connus de cette mythologie évoque l'histoire des ancêtres des Irlandais. Parmi les premiers arrivants se trouvaient surtout des femmes, menées par Cessair. Ces conquérants accostèrent avant le grand Déluge, au cours duquel ils périrent tous, à l'exception de Fintan, qui, incarné en saumon, aigle ou faucon, vécut toutes les époques suivantes. Un deuxième groupe, conduit par Partholon, mourut de la peste. Nemed se trouvait à la tête d'un troisième groupe d'envahisseurs, qui se divisa en trois tribus. Deux d'entre elles, les Fir Bolg (« Hommes Foudre ») et les Túatha dé Dánann (« tribu de la déesse-mère Dána »), entrèrent en lutte pour la possession du territoire : après une bataille, à Mag Tured, ces tribus firent la paix et convinrent de vivre en harmonie.Un autre cycle, celui de l'Ulster, retrace les exploits de Cúchulaín, un homme brun, de petite taille, débordant de gaieté. Quand il est sur le champ de bataille, un changement spectaculaire s'opère en lui : il grandit et fait disparaître l'un de ses yeux de son visage, tandis que ses cheveux, à l'extrémité desquels perle une goutte de sang, se dressent sur sa tête. L'épopée montre Cúchulaín aux prises avec ses geasa, sortes d'obligations personnelles qu'un individu ne saurait transgresser sans avoir à en assumer les conséquences désastreuses. Mortellement blessé au cours d'une bataille, Cúchulaín, incarnation de l'orgueil et de l'indépendance de l'Irlande, est adossé et ligoté à un menhir, afin qu'il meure debout.
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