spartakismenom masculin Cet article fait partie du DOSSIER consa


L'opposition à la guerreLe mouvement qui, plus tard, allait s'appeler « spartakisme » naquit en Allemagne en août 1914. Lors de la déclaration de guerre, les dirigeants du parti social-démocrate (S.P.D.), une organisation forte de quelque quatre millions d'adhérents, renoncèrent à leur politique internationaliste et acceptèrent l'union sacrée ; leurs parlementaires, y compris Karl Liebknecht, votèrent les crédits de guerre le 4 août. Les internationalistes durent donc organiser leur propre action contre la guerre en dehors du S.P.D., donnant ainsi naissance au spartakisme.En votant les crédits de guerre, les parlementaires du S.P.D. désavouaient les résolutions des congrès de la IIe Internationale, à laquelle leur parti était pourtant affilié, congrès tenus à Stuttgart (1907), Copenhague (1910) et Bâle (1912). Seuls quelques militants du parti, dont Rosa Luxemburg, Clara Zetkin et Franz Mehring, refusèrent de suivre les dirigeants ; ils furent bientôt rejoints par Liebknecht, qui, dès septembre 1914, reconnut avoir eu tort de se plier à la discipline du parti et de voter pour la guerre ; il fut exclu du S.P.D. dès janvier 1915 et lança en mai suivant le mot d'ordre « Le principal ennemi est à l'intérieur de notre propre pays ». Peu à peu, d'autres parlementaires du S.P.D. refusèrent de voter les crédits de guerre et furent exclus du parti au cours de l'année 1916, puis, l'année suivante, les sections locales opposées à la direction du S.P.D. furent elles aussi exclues.Les opposants à la guerre cherchaient depuis la déclaration de guerre à s'organiser ; ils rencontrèrent de nombreuses difficultés, dues notamment aux longues périodes d'emprisonnement des dirigeants. Rosa Luxemburg fut incarcérée à plusieurs reprises durant la guerre, une première fois en janvier 1915, tandis que Liebknecht fut arrêté le 1er mai 1916 alors que, en uniforme, il distribuait des tracts pacifistes à Berlin. Ces opposants se firent d'abord connaître par l'intermédiaire de leur journal, Die Internationale, dont le seul et unique numéro parut en avril 1915 ; la première conférence du groupe Die Internationale eut lieu en janvier 1916, et adopta les thèses de Luxemburg, alors en prison, qui prônait la transformation de la guerre impérialiste en guerre révolutionnaire. Par la suite, le groupe publia un bulletin intitulé Politische Briefe (« lettres politiques »), dont certains articles furent signés du nom du célèbre esclave romain Spartakus ; le bulletin changea son nom en septembre 1916 en Spartakusbriefe (« lettres de Spartakus »). Le groupe envoya deux délégués à la conférence de Zimmerwald, du 5 au 8 septembre 1915, de laquelle naquit une première forme d'organisation internationale contre la guerre.La fondation du parti communisteL'initiative de la fondation d'un nouveau parti revint aux parlementaires exclus du S.P.D. pour avoir refusé de voter les crédits de guerre ; ils se regroupèrent au sein du Parti social-démocrate indépendant d'Allemagne (Unabhängige Sozialdemokratische Partei Deutschlands, U.S.P.D.), auquel adhéra le groupe Spartakus – non sans que cette adhésion suscitât une opposition interne chez les spartakistes, certains y étant hostiles. Spartakus ne suivit pas la ligne défendue par l'U.S.P.D. ; lorsque la république fut proclamée en Allemagne, le 9 novembre 1918, les spartakistes refusèrent de participer au gouvernement du social-démocrate Ebert.Le 11 novembre, les spartakistes s'organisèrent en Spartakusbund (« ligue Spartakus ») et se dotèrent d'un quotidien, Die Rote Fahne (« le drapeau rouge »), qu'ils tentèrent d'installer dans les locaux du journal Berliner Lokal Anzeiger ; ils en furent presque aussitôt expulsés. Les spartakistes, sous la houlette de Rosa Luxemburg, voyaient dans la force populaire le vrai moteur de la révolution, et ils combattirent tant l'armée que le gouvernement S.P.D. en s'appuyant sur les ouvriers et les soldats de retour du front, notamment les marins. Ils préconisaient la création de conseils ouvriers et de soldats, seuls représentants authentiques du peuple. À leur appel, d'immenses manifestations se déroulèrent dans Berlin, comme celle du 25 décembre – le « Noël sanglant », au cours duquel ouvriers et marins affrontèrent des éléments de l'armée fidèles au gouvernement.Les spartakistes décidèrent de quitter l'U.S.P.D., dont le parlementarisme était en opposition complète avec leur ligne, puis se réunirent en congrès du 28 décembre 1918 au 1er janvier 1919. C'est alors qu'avec le soutien de divers groupes, comme les communistes de Brême publiant le journal Arbeiterpolitik et les Revolutionäre Obleute – les « Délégués révolutionnaires », une organisation syndicale puissamment implantée à Berlin – fut fondé le Parti communiste d'Allemagne (Spartakus) ou K.P.D.(S) selon son sigle allemand.L'échec de la « Commune de Berlin »Les marins s'étaient mutinés à Kiel dès le 3 novembre 1918 – ils avaient refusé de tenter une nouvelle sortie ainsi que le leur demandaient leurs officiers –, et avaient cherché à rallier toute l'Allemagne en se rendant dans les principaux ports et villes du pays ; l'extension de leur mouvement d'indiscipline, malgré la répression, avait été la cause directe de la proclamation de la république, le 9 novembre, ce qui avait débouché sur l'armistice, le surlendemain. La situation politique intérieure de l'Allemagne, une fois la Grande Guerre achevée, n'était cependant toujours pas stabilisée, le gouvernement ne pouvant compter que sur l'appui d'une partie de l'armée, celle qui s'était montrée la moins réceptive aux idées pacifistes ou révolutionnaires. Dans ces conditions, la prise du pouvoir par la force semblait à beaucoup de communistes un objectif possible.Le signal de la révolte spartakiste fut donné dans les premiers jours de janvier 1919 : le gouvernement social-démocrate cherchait à destituer le préfet de Berlin, Eichhorn, un membre de l'U.S.P.D. jugé trop favorable aux spartakistes ; le préfet fut destitué le 4 janvier, et les révolutionnaires occupèrent aussitôt divers bâtiments administratifs ainsi que les locaux du Vorwärts, l'organe central du S.P.D.Le 5 janvier, un comité révolutionnaire, comprenant Liebknecht, Ledebour et le dirigeant des Délégués révolutionnaires, Paul Scholze, déclara déposer le gouvernement et en assumer provisoirement les fonctions. Cependant, ce comité fut chassé par les marins chez lesquels il pensait s'abriter, et par la suite, il choisit majoritairement de négocier avec le gouvernement, contre, semble-t-il, la majorité des spartakistes eux-mêmes.Le 10 janvier, le social-démocrate Noske, qui avait le soutien des militaires loyalistes, lança la contre-offensive dans Berlin, maîtrisant les garnisons rebelles, arrêtant Ledebour dans la nuit du 10 au 11, puis Liebknecht et Rosa Luxemburg le 15 – les deux dirigeants spartakistes furent aussitôt assassinés. La « Commune de Berlin » s'achevait, tandis que les Freikorps (« corps francs ») qui avaient mené la répression se livraient à travers toute l'Allemagne à l'assassinat de nombreux dirigeants révolutionnaires. Une nouvelle grève générale lancée à Berlin par les spartakistes fut réprimée en mars, et leur principal dirigeant, Leo Jogisches, fut assassiné en prison le 10 mars 1919. La dernière expérience de conseils, en Bavière, fut écrasée par l'armée en mai 1919.Les événements s'étaient déroulés très rapidement ; les ouvriers et soldats, sur lesquels s'appuyaient les spartakistes, avaient cru aux quelques concessions sociales faites par les dirigeants sociaux-démocrates – journée de travail de huit heures, plan d'aide aux chômeurs, égalité des droits politiques de l'homme et de la femme… – et ne suivirent pas les spartakistes, qui voyaient pour leur part la véritable démocratie socialiste dans l'instauration de conseils.
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